Un souffle nouveau lui fut donné par l’engagement du Père Sylvio Doiron, c.s.c. Père Doiron avait déjà visité les lieux dès 1960 lorsqu’il était novice chez les Pères Sainte-Croix.
À l’époque, la chapelle était en assez bon état grâce à l’attachement des gens de la région pour leur petite chapelle. Il y retournera pendant les années ‘70 lorsqu’il fut nommé responsable de pastorale sur le campus de l’Université de Moncton. Il constata cette fois un état d’abandon du site, état lié entre autres à un certain vandalisme, et ceci malgré de grands efforts de la part de la Société historique de la Vallée de Memramcook pour la protéger.
En 1993 Père Doiron était nommé curé de la paroisse Notre-Dame de l’Annonciation à Pré-d’en-Haut, paroisse désormais responsable du site historique. Dû à son grand sens d’émerveillement, il tomba très vite en amour avec le magnifique décor naturel qu’offre la belle région de Pré-d’en-Haut. Il renoua contact avec la petite chapelle historique d’une façon spéciale, mais il était loin de se douter de l’aventure dans laquelle il allait s’embarquer.
Un soir de mai en 1996, Père Doiron entra dans la chapelle et fut envahit par une soudaine vague de tristesse intérieure en constatant l’état lamentable des lieux.
Ne sachant quoi faire il s’adressa directement à Sainte-Anne en ces mots: «Sainte-Anne, il sagit de ta chapelle! Elle tombe en morceaux! Pourquoi n’en prends-tu pas meilleurs soins? Grouilles-toi! Grouilles-toi! Fais quelque chose!» Il continua de marcher en silence à l’intérieur de la chapelle. C’est alors qu’il eut une expérience spirituelle importante. Il lui sembla entendre Sainte-Anne elle-même répondre à ses demandes. Elle lui disait: «Sylvio! Grouilles! Grouilles-toi, toué itou! Prends l’affaire en main!» L’intuition lui vint immédiatement de faire de la petite chapelle un Centre de foi et de culture, un endroit où les artistes de la région pourraient venir s’exprimer et se faire connaître. Dès cet instant il eut la certitude que le projet irait de l’avant, que cette mission lui était confiée par Sainte-Anne et qu’elle allait l’accompagner tout au long du parcours.
Sans tarder, il se rendit chez la présidente de la Société historique de la Vallée de Memramcook, Mme Patricia Utley, pour lui faire part de son projet. L’approbation et le soutien de cet organisme lui semblait indispensable. C’est d’ailleur les membres de cette même société qui lui firent prendre conscience d’un premier grand défi à relever. Puisque le site était amménagé sur un terrain assez isolé, on lui suggéra fortement de restorer le petit presbytère adjacent à la chapelle afin d’y accueillir des résidents en permanence, et d’y assurer une présence humaine continue, décourageant ainsi les actes de vandalismes. Le défi était de taille car le bâtiment était en état lamentable et de très importants travaux de rénovation étaient à envisager. Il faut noter que la chapelle et le presbytère n’étaient pas reliés aux systèmes d’égout, d’aqueduc, d’électricité ou téléphonique. Pour y assurer des sevices essentiels il fallait, entre autre, trouver une source d’eau potable (puits artésien), et voir à l’ajout d’une fosse septique.
Père Doiron pensa alors s’allier à un bras droit, un expert en construction qui pourrait le conseiller sur les démarches à suivre. Ce bras droit, il allait le trouver en la personne de Monsieur Herman Cormier, de Pré-d’en-haut. Selon Père Doiron, Herman Cormier devint un pilier important à la restauration du site. Celui-ci informa très vite Père Doiron des coûts très élevés que représentaient les réparations au presbytère, surtout qu’il fallait effectuer les travaux tout en se conformant aux contraintes sévères imposées lors de toute restauration de lieux historiques, afin de respecter l’architecture originale. Un autre résident de Pré-d’en-haut, Monsieur Ronald Cormier allait également jouer un grand rôle à la refection des lieux, et ce comme contre-maître, responsable des travaux.
Le projet allait donc nécessiter des milliers de dollars et les coffres étaient vides.
Un obstacle quasiment insurmontable, mais Père Doiron n’était pas personnage à se laisser abattre. De plus il comptait toujours sur le soutien indéfectible de Sainte-Anne. Il décida donc d’entreprendre une levée de fonds importante en 1996, la première de l’histoire du site de Beaumont.
Les réparations étaient importantes et n’allaient pas se faire dès la première année, mais Père Doiron était décidé à faire revivre la petite chapelle le plus tôt possible. Il entreprit donc de recruter des artistes de la régions afin d’y présenter six spectacles dès l’automne de 1996. Les artistes acceptaient d’y chanter bénévolements. Puisque le site n’était pas encore allimenté par le réseau d’électricité, les artistes y chantaient avec les moyens du bord, c’est à dire sans amplification sonore d’aucune sorte et à la lumière des bougies du sanctuaire et de lampes à l’huile posées sur le rebord des fenêtres. C’est Père Doiron, lui-même qui s’occupait du stationnement et de l’acceuil à chaque présentation. De toutes évidences,ces soirées connurent un succès immédiat et firent le bonheur de biens des gens de la région. Ceci venait confirmer l’intuition de Père Doiron et il allait par la suite s’entourer d’un petit groupe de personnes pour former un comité permanent, afin de l’épauler et assurer la continuité de l’oeuvre. Ce comité allait s’occuper, non seulement des soirées musicales, mais aussi de l’entretien et des rénovations à apporter à la petite chapelle historique.
Voilà, l’aventure commençait, et avec l’aide du comité en place, le projet pris de l’ampleur année après année.
La restauration du presbytère fut achevé dès l’année suivante et des améliorations et réparations importantes furent faites à la chapelle, dont le remplacement du clocher.
En 2005, on fêtait le dixième anniversaire des soirées de chants et musique présentées à la chapelle. Que de travail accompli depuis le début de cette aventure! Et bien, l’histoire ne se termine pas ici. La preuve c’est que chaque année, pendant la saison estivale, la chapelle vie et résonne de plus belle avec la présentation de spectacles de haut nivaux. Nous vous invitons à découvrir ce petit bijou, si ce n’est pas déjà fait, qu’est la chapelle historique Sainte-Anne-de-Beaumont.